ou  qui est le vrai ?

n o t e s :

 

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n o t e s :
 
On a dit que Henri Girard s'était arrangé pour dormir dans la chambre où était le commutateur électrique de la propriété, avait fait l'obscurité et accompli sa sale besogne en bougeant les corps au travers des pièces. Un juré, au moment du procès découvrit un autre commutateur dans la maison (19 mois "d'enquête" n'avaient pas suffit pour l'établir... Ce long purgatoire fut surtout propice pour une incessante réflexion de l'avocat, ami du père, avant de défendre celui qui, à ses yeux, était soit responsable de ce deuil, indéfendable, soit victime à protéger à tout prix en souvenir d'une amitié.)
Un expert déclara à la barre qu'il y avait de faibles traces ferreuses sous les ongles du prévenu cueilli au matin (cf. la serpe).Egalement des marques légères dans les paumes. Et pressé de passer aux aveux par le médecin mandaté, le présumé parricide aurait répondu : "donnez-moi un verre d'eau".
L'avocat, le célèbre Maître Garçon, se contentera de remarquer : "Et si tout simplement il avait eu soif".
Pourtant, un gendarme témoigna aussi que ce suspect avait les mains (donc les ongles), les avant bras, ainsi que les cheveux tout propres ce même matin (alors que le reste aurait été sale). Il n'y avait pas l'eau courante, pourtant on ne retrouva aucune trace de sang dans les eaux sales.
Des contradictions à la pelle (sur les heures, les volets, le voisin etc.) un acharnement devenu suspect dans le public. Un staff de journalistes permanent est contrôlé par un censeur officiel (à l'affût "d'allusions diplomatiques").
Des empreintes mal observées. Des scellés posés plusieurs jours plus tard et qui disparaissent parfois ; des pistes que l'on évite de suivre (un certain Burgnes, handicapé mental amoureux de la tante ; des voix étrangères dans le petit bois d'à côté ; ou de la lumière, une nuit, sur le lieu du crime, mais après l'enfermement du suspect). Des analyses que l'on oublie, puis que l'on refuse d'effectuer (comme l'analyse du sang sur le pantalon du voisin, traces causées par une coupure, puis par la préparation d'un lapin, selon les dires successifs de son propriétaire). L'argent de la tante, retiré la veille, qui a disparu ; comme le journal personnel de l'archiviste - paléographe, sans que cela ne préoccupe davantage les enquêteurs. Un émissaire du ministère de l'intérieur pris possession d'une pièce du dossier (on le sait par la demande du juge dans un courrier voulant naïvement connaître la nature globale de cette pièce pour instruire...) Pourquoi ? N'en jetez plus ...
Ce fut un soulagement pour tout le monde, ou presque (...) quand le fiston fut relâché. La violence tapisse l'inconscient collectif, violence du "fait divers", comme violence institutionnelle.

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n o t e s :

" l'objectivité "

"Pas de face à face heureux ...

Pour le serpent qui se mord la queue"

(Felix Goudart - Naufrage Volontaire / Crypt ED)

 

Exemple de communication irresponsable, malgré les apparences, malgré la volonté affichée de responsabiliser (avoir la responsabilité de responsabiliser : le serpent se mord la queue). En fait, faire de la propagande ça n'est pas le contraire d'assumer : on n'est pas tenu de prouver son sens des responsabilités pour jouer les prosélytes, il suffit d'en avoir le pouvoir ... (Paradoxal, n'est-il pas ?)
Le Conseil Général fabrique des sacs en papiers distribués dans les par ci par là pour que les touristes "jettent" (où ? ailleurs... "Ailleurs on croit le monde est meilleur" comme dans la chanson de Manset) leurs détritus exotiques. La première chose lisible, imprimée sur ces sacs (mises à part les divers logos institutionnels) est l'indication du tonnage annuel de cochonneries et de bouteilles vides laissé sur les routes ; avec la projection statistique du nombre de kilo-polluants par kilomètre ! (18kg/km, affirme le zélé bureaucrate). Autrement dit : "Puisque tout le monde le fait, pourquoi pas vous ?". La réponse est sensée être : "Parce que je suis un citoyen, certes de passage, mais vachement sensibilisé, surtout depuis que j'ai ce magnifique sac en papier kraft imprimé, que je vais ramené chez moi, tant il est beau (bien que passablement sale)". L'important c'est d'y croire ...
Allez, un autre exemple, pas pour la route : Plus prosaïquement la télévision aime exploiter le fait divers. Le caractère sensationnel est garant de bon score média-métrique. C'est pourquoi telle émission simili historico-juridique (hystérico ?) affirme dans sa bande annonce : "Il y a en France un crime passionnel tous les six jours". Autrement dit : presque tout le monde est concerné, alors restez devant le poste, si votre conjoint(e) vous a laissé(e) la vie sauve, mieux vaut quand même être averti(e) ... Le journaliste ne prétend pas agir pour infléchir cette statistique, inéluctable semble-t-il, et encore moins participer à l'organisation du carnage matrimonial. Il ne prétend qu'à être télégénique.

On est loin, de la conviction avec laquelle les journalistes (de la radio, avant tout le monde) enfoncèrent le clou, un week end durant, sur ce qui allait devenir "l'affaire du sang contaminé", suite à des plaintes de familles, reçues avec l'empathie requise. Bien sûr, le futur a montré l'aspect un peu vain de ce genre de combat, et maintenant certains sont peut être tentés de baisser les bras plutôt que de retrousser les manches. Mais dans ce cas, qu'ils passent la main ...

La liberté d'expression peut causer autant de dommages (banalisation flagrante du sexe et de la violence) que de prophylaxie. Il n'est qu'à voir comment la télé est passée des mains des politiques, à celles des journalistes. (Ces deux corporations qui ne payent presque pas d'impôts. Mais il en est une autre qui ne paye pas beaucoup d'impôts, sauf exceptions outrancières, c'est celle des artistes : ils ne gagnent vraiment pas assez). La TV reste une zone protégée, un mur de Berlin entre les deux pouvoirs. Le corvéable dit merci ... Vivement qu'elle devienne plutôt une zone sensible (c'est-à-dire pour les sens) gérée (
N.B. et non pas dirigée) par des professionnels de l'image, des spécialistes du son, des artisans responsables du verbe (souvenons nous que "autoriser" a la même racine que "auteur") !
Comment une société de progrès technologique ostentatoire, peut elle, pourtant, se priver des compétences d'une bonne partie de ses techniciens, de tous ces experts travaillant dans les règles de l'Art ? Eux qui auraient sûrement un avis sur la question ("comment utiliser les médias depuis l'abandon du pick-up et des vinyls au grenier ?"), en plus d'être des éxécutants (dans le meilleur des cas).

Babbage, l'inventeur au siècle dernier des statistiques mécanisées (son proto-ordinateur, la construction une fois achevée beaucoup plus tard, pesait plus d'une tonne), avec des calculs différentiels, n'eut à la fin de sa vie qu'une obsession : le joueur de musique itinérant. Il n'entrait dans aucun de ses classements, et aucune catégorie ne pouvait être inventée pour classer ce saltimbanque. (Le but du jeu étant grosso-modo de repertorier l'univers sans le risque de l'erreur humaine). Alors, il s'évertua à faire passer une loi interdisant cette pratique. En représailles, des musicos se relayèrent pour jouer devant chez lui, en utilisant sur leurs Orgues de Barbarie les mêmes cartes perforées que ce génial précurseur de la technocratie, victime, sur le tard, de sclérose mentale. (C'est d'ailleurs son assistante qui avait mis au point cette instrumentation mécanique, pressentant ce que recherchait alors son employeur : l'harmoniseur universel). La victime recensa en 80 jours : 165 agressions sonores ; déjà qu'auparavant il avait estimé que cette musique de rue lui coûtait 25% de son efficacité au travail
(sic), il ne lui restait plus, pendant ce temps, beaucoup d'efficience pour rêver à son utopie !

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Deux procès majeurs.
(On peut se référer à "Vie d'un rebelle" * de Roger Martin, pour avoir un aperçu non tendancieux de ces sommets d'iceberg, très médiatisés en leur temps)

Pour en finir, une fois pour toute avec ces aléas qui obscurcissent passablement, aux yeux du plus grand nombre, son travail d'écriture, par leurs sensationnelles diversions, voici de quoi il en retourne :

- L'un, à l'âge de 24 ans, où les Instances s'acharnent à lui faire porter le chapeau à propos d'un événement, sanguinaire et inexplicable, qui le privera de l'être qui lui était le plus cher au monde (son père. Sa mère était décédée de maladie quand il était enfant). Sa tante, et leur domestique, disparaissent par cette même tragique occasion ("dommages collatéraux" ?). Dix neuf mois d'enquête bâclée et de censure avérée. Témoignages non concordants.
Acquittement, au final.

- L'autre, quand il a 40 ans, où on lui reproche ses fréquentations professionnelles, et de ne pas avoir balancé les protagonistes d'une conférence de presse pro-Algérie, où il était présent de par son travail journalistique.
Joseph Kessel
, J.P. Sartre, Jacques Prévert, André Frossard, Maspero et beucoup d'autres viendront le soutenir le jour J. Il s'arrangera (en demandant et l'acquittement et le mea-culpa de l'armée) pour rester enfermé le temps que le scandale fasse le plus de vagues possibles. Sursis.

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* une critique édifiante :

UN BON MAUVAIS LARRON

" On lui doit l'un des plus beaux frissons du cinéma et de la littérature. Pour Le Salaire de la peur Georges Arnaud a bien failli recevoir le prix Goncourt en 1950. La vie tourmentée de l'auteur a fait reculer les jurés, in extremis.
Georges Arnaud n'est qu'un pseudonyme. Il cache Henri Girard, fils de famille parisien, accusé d'avoir assassiné, à coups de serpe, son père, sa tante et une domestique. Le jeune homme a vingt-quatre ans; il prépare le Conseil d'Etat. Après dix-neuf mois de prison préventive, il est acquitté, mais il est devenu un "dur" qui ne rêve plus que d'aventures et de trafics. Il les trouvera en Amérique latine, où il passe deux ans en compagnie de policiers véreux, d'anciens bagnards. Il en rapporte la matière d'un livre, Le Voyage du mauvais larron, son chef-d'oeuvre. Rapidement, il met sa célébrité au service de toutes les causes de justice. Quand la torture devient monnaie courante dans l'Algérie en guerre, il est le premier à alerter l'opinion internationale. Dans l'Algérie indépendante, où il s'établit de 1962 à 1974 avec femme et enfants, Arnaud redevient un homme apaisé, fraternel et modeste. Il aide le nouveau pays à développer sa presse, son cinéma, sa radio, sa télévision.
Roger Martin ne se contente pas, ici, de redonner vie à ce personnage picaresque que fut Arnaud-Girard, mort à Barcelone en 1987. Il rappelle aussi ce que furent pour les intellectuels engagés les années d'après-guerre, puis les années algériennes.
Une biographie impeccable. "

André Meury, La Croix, 12 août 1993

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