Intro
"un type entier et courageux"
(dixit un témoin)


ACTIVISTE - Réellement accusé, véritablement témoin

Georges Arnaud du prendre ce pseudonyme pour faire publier son premier roman, car son nom (Henri GIRARD |1917-1987) était déjà très connu, suite à une sordide machination judiciaire.
Ce pseudonyme sera très vite encore plus connu, et par la suite, sera utilisé à bon escient pour lutter contre l'injustice dans des déclinaisons courageuses produites par sa plume ; deux états civils donc, qui seront aussi le sujet de nombreuses polémiques.

C'est un homme de paradoxe, marchant à l'instinct sa vie durant, bien debout (malgré le sacrifice radical, et de sa fortune, et de sa vie familale), qui expérimentera (parfois malgrè lui) avec brio ce nouveau pouvoir émergeant dans la "société du spectacle" (comme décrite par Guy Debord [1931 - 1994] en 1967) : les médias.
A ce titre, il nous a paru légitime de lui faire prendre pied sur le web (francophone essentiellement), le médium ultime (qu'il n'a pas connu), où son "homonyme" Georges J. Arnaud
* trône déjà en bonne place parmi les écrivains archivés ; comme maintenant tant de bateleurs et de bonimenteurs ... Ce n'est que justice pour ce pamphlétaire, ce romancier provocateur, que de nombreux esprits chagrins auraient bien voulu bailloner de son vivant.

*{écrivain prolixe de S.F. et de polards, connu 2 ans après l'auteur de théâtre, de romans, et de reportages dont il est question ici}


Car Georges Arnaud fut l'un des premiers opérateurs "multimédia" du siècle à s'investir autant, et avec fougue, dans la conjugaison médiatique.

Comme Rimbaud (mais avec davantage de bonne fortune) il conjuguera écriture et exploration ... Il y a du Cristobald Colomb, du Marco Polo dans l'esprit de cet enfant de bonne famille ... Mais plus qu'un Sandrars, avec une grande foi dans le rôle de la presse, il optera pour l'usage didactique de l'image (- au point de l'enseigner, en Algérie).
Un esthète de plus, mais n'hésitant pas à élargir le champ d'investigation hors du pré-carré strictement artistique que balisèrent des Cocteau
(1889-1963), des Vian (1920-1959), comme d'autres Hommes de Lettres et praticiens de l'image, tels les frères Prévert)...

Activiste donc en tant qu'auteur de littérature, alliant parfois le texte au dessin (Siné illustrant "Mon Procès" de 33 dessins corrosifs) ou à la photographie ("Indiens pas morts" avec 77 photos de Werner Bischof), tout autant que comme signataire d'articles de presse retentissants, de pièces de théâtre à scandales, ou de fameux scénarios de films, ; mais aussi par la réalisation assidue de documentaires télévisuels d'un genre nouveau pour l'époque (dans la série "Plus qu'un fait divers : l'affaire ...") ; voire même en écrivant et en interprétant à la guitare des chansons réalistes.(environ 200, dont certaines bien appréciées en leur temps).

Mais avant de se jeter corps (1m85) et âme dans l'écriture, il avait sérieusement envisagé "la décoration" (on ne disait pas encore "design") comme activité principale, et il créait (à ses frais) de remarquables objets plus esthétiques que fonctionnels.

Alors il est difficile de dire précisément pour laquelle de ses activités il nous est le plus loisible de tenter de renforcer ici l'apologie du personnage.

Quand le bluff est roi (depuis le siécle dernier il n'y a pas d'artiste sans marchand, et réciproquement ; le mensonge est tacite, consensuel), le spectacle des arènes devient de l'art (comme on dit "l'art de la vente", "la performance du camelot", "l'exploit du reporter" etc.). Le commerce sert de baromètre (cf."l'e-économie" d'alors, ou l'actionnariat dans le foot-ball pour prendre des exemples spectaculaires). Bien avant "l'art conceptuel" redondant de la fin du XXème donc, il fut de ceux qui soulignèrent que les idées pouvaient, et devaient habiter l'art, dans cette "poésie vécue" chère à Alain Jouffroy *. Mais des idées qui auraient la patine de l'expérience, la fragrance de l'éprouvé, qui seraient d'abord chargées de ressenti .

Alors dans le sillage d'un Francis Carco (1886-1958), il surpassera dans l'estime de certains, Blaise Cendrars (1887-1961) et ses pairs, nourris comme lui de Robert Louis Stevenson (1850-1894), Jack London (1876-1916), ou Pierre Mac Orlan (1883-1970). Une tradition d'auteurs, où l'on se doit de ne pas tromper sur la marchandise (Par exemple, Cendrars a quand même pas mal roulé sa bosse, quoiqu'on en dise) ; ou alors avec beaucoup plus d'intensité que les "cabots camelots" subventionnés (ou "vendus")...[cf. "L'Art Mateur"-Crypt Ed.(épuisé)]

Mise en scène sidérante que sa vie, largement improvisée, et balisée par deux procès à son encontre, surmédiatisés (l'un subi - battage pour sauver sa peau ; l'autre provoqué - pour sauver sa peau ET son métier : éparger la liberté de la presse en faisant jurisprudence) qui orienteront le destin du rebelle absolu, dans le chaos d'une existence tapageuse et insolente. Mais non exempte d'une grande humanité ...

P.S. Georges Arnaud c'est aussi l'auteur du roman "Le Salaire de la Peur", publié en 1950...
(Pour ceux qui ne le sauraient pas encore :-)

 

 

AGITATEUR MALGRE LUI


 r e p è r e s

 a posteriori


Alain Jouffroy : A l'époque du non-sens triomphant, les poètes sauront-ils exercer le pouvoir de la poésie ? Alain Jouffroy, "vieux briscard surréaliste" (exclu par Breton) table sur les "capacités révolutionnaires de chacun" et sur "la constitution d'une éthique de résistance" à la "déréalisation médiatique du monde" (cf. "Manifeste de la Poèsie Vécue" p.102). - Services Documentaires Multimédia

Un exemple chez Georges Arnaud de ces préoccupations poétiques (tiré du "Voyage du mauvais larron" p.70) :

" Un Indien, torse nu à la fenêtre carrée d'une façade plate en bambou fendu. Personne à côté de moi pour prendre sa part du salut qu'il m'envoie. Le son clair d'un marteau sur le fer, celui, du côté de la gare, d'une cloche qu'agite par pure routine un mécanicien debout sur un tender, donnent de la profondeur à cet arrière-pays. Aussi cette sirène tragique, stridente, trop vaste pour sa locomotive, ce train de western. Les ingénieurs qui sont venus d'Europe pour apporter ici tous ces instruments à distance et à vitesse, ceux qui là-bas les ont construits, ceux-là, oui, étaient des poètes. Poètes de la civilisation mécanique, avec son tragique facile, mais si vivant, si proche. Et toutes ces machines à se fuir soi-même, que Jules Verne a dessinées, que d'autres ont ensuite inventées, et dont nous avons, deux générations plus tard, éprouvé l'inutilité.
"Mes amis, mes frangins, n'écoutez pas les cris du train..." Conseil maintes fois donné, chaque fois oublié, qui n'a servi à rien."

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