"L'Utopie ? C'est ce qui n'a pas encore été essayé "(Théodore Monod)

 

 

 

 
Avoir la foi c'est, quand une guêpe rentre dans la pièce, montrer du doigt la fenêtre (ouverte de préférence) et dire "Lulu, dehors !" et que l'insecte obtempère de suite.
(- Vous pouvez me croire : essayez, vous verrez !)

 

La foi sans la religion ?

Ni dogme, ni doctrine ?
 

 Quand on regarde certains films, qu'on écoute des musiques bien particulières, ou que l'on se (re)plonge dans des lectures caractéristiques, il peut advenir que l'on se sente dépassé par l'expérience éprouvée, saisi par un état d'esprit (provoqué ou non) qui cristallise au plus haut point un faisceau de circonstances uniques, immédiates, transcendées.
La même expérience artistique, un autre jour, ou en présence d'autres personnes, ne délivrera peut être pas une embellie si forte : le charme n'opérant plus, la magie semblant irrémédiablement partie. (La faute d'orthographe occultant le haïku...)
Résultat : Une certaine absence de foi dans l'instant ... Incertain, c'est presque vain.

En d'autres circonstances, il semble que la seule présence d'une personne puisse galvaniser la conscience du présent, presque faire tourner le vent, en fortifiant notre foi en l'avenir... Prodigieusement.
Il est patent que des lieux, des objets également, semblent invariablement avoir le pouvoir de gommer instantanément le poids de notre propre passé (plus ou moins propre d'ailleurs... plus ou moins bien cicatrisé aussi) comme chargés, par une sorte de sortilège, de faire de chacun un Résilient. ("Charge" plus électrique que mécanique, induite par les prédécesseurs au même endroit... ?)
A. Huxley parle alors de "sublime transport"... L'Art peut transfigurer sans prévenir.

Ceci ne s'explique pas, mais pourtant nous courrons tous après de telles impressions, on se rue vers l'impensable, dûment vérifié (et non oblitéré : certifié comme tel) !
On croit tous au cinéma ...
(24 images/seconde pourtant, seulement ! "la photo c'est la vérité, le cinéma c'est 24 fois la vérité par seconde" comme dit Godard) et on en veut plussss dans la vie : s'y faire son petit cinéma ne pourrait guère survenir par inadvertance !
Et puis, croire ne suffit pas : on tient à l'inimaginable, si possible. Soif d'inédit : dehors (partout) comme dedans (le mental). L'incroyable sera au rendez-vous (du moins on l'espère).

Il parait que Dieu, (s'il persiste, ce concept singulier), a créé l'homme pour avoir des "points de vue", angles de focale impossibles à délimiter pour Celui qui est omniprésent, par définition... ("essayez donc, vous verrez"). Ainsi chacun est un panorama qui s'ignore ...
La confirmation d'une certitude difractée... (Une serrure / des milliards de code pour une clef)

Nous y croyons dur comme fer, à cet apaisement de l'Ego-Tuteur, ce prisme revenu de la tourmente esthétique (esthétique, sine qua non ... Ex: 11 septembre etc.) qui a failli le perdre ; comme nous avons tous, vaguement enfouie, l'intime conviction de cette bienfaiterie habitée d'une identité meta-egocentrée sortie de la brousse !

 

  * L'humain -préhistorique ou post-apocalyptique- a toujours eu le même cerveau, les même éblouissements, comme inscrits dans ses gènes, la même sophistication (ses vêtements, ses outils... avec les moyens du bord) mais l'avantage aujourd'hui, c'est "qu'il peut se gratter"... (comme on dit)
La différence entre rituel archaïque, ex-voto etc... et le jeu : ça serait que l'on s'autorise à perdre.
On se "fait" à cette idée ! ...
Impensable ! (dans l'esprit d'un warrior).
 

 
Et pourtant, on sait peu de chose de cette foi qui habite intimement tous les humains du globe, toutes civilisations
- passées (cf. peintures rupestres)
- ou présentes (cf. "2ème grattage"
* proposé par la Française des Jeux -sic- dispensable )
confondues.
Une seule indication :
... au bas mot, "elle déplace des montagnes". /
A l'emplacement de toute cathédrale, il y avait une église, construite le plus souvent là où se trouvait une source. L'eau du puit soignait les maladies et les blessures des gens du coin, ou des pélerins venus parfois de loin.
Cette source ("la Vouivre" des celtes) était curative, mais il y avait une condition, une seule, à la guérison : il fallait croire en ses vertus prophylactiques.
Il suffisait d'y croire ...
Pendant des générations, ce site fut vénéré, (- peut être davantage pour lui-même que maintenant, dès lors qu'on apprécie davantage la représentation que la valeur pratique intrinsèque), louée des humbles comme des puissants. Le fait est, qu'une cathédrale est toujours appréciée pour ce qu'elle représente ! (C'est même un sommet du genre cathartique : elle évoque si bien le vertige de l'oubli de soi ... jusqu'à la nature sublimée, qui y est magnifiée).
De nos jours, puisque le puit a été rebouché (faute de croyants, davantage que par manque de malades ou de blessés...) la question ne se pose même plus. La cathédrale fut édifiée pour contenir des reliques pieuses, et pour magnifier la connaissance (scientifique, spirituelle) de l'humain. Pour que ce savoir serve, pour le moins, et en permanence, à quelque chose de tangible, de flagrant... d'irréfutablement utile, de magnifiquement grandiose. Mais y a-t-on gagné au change finalement ? Car c'est la pierre dévolue, qu'il convient de soigner aujourd'hui, pour contrer la pollution hydro-carburée...
   

 


Quand on te dit "vas-y !", tu te sens pousser des ailes, tes capacités (inhérentes au vécu autant qu'aux"dons", et dont certaines restent forcément indéniablement cachées) se réveillent, s'extériorisent.
Il faut de la foi pour se jeter à l'eau. Pour mettre en péril, momentanément, cet ego, se gargarisant de bonnes manières, de "réussites" tamponnées, oblitérées ; mais toujours tétanisé de craintes diffuses. L'ego ne serait rien sans les "lâcher-prises" (comme dans un saut à l'élastique, si valorisant après coup...) ces final-cuts opérés à son encontre par le passé, et dont il se nourrit toujours.
Rassasié de conventionnel, il n'avoue pas facilement qu'il doit tout à la foi : celle de l'individu gratifié de sa présence, comme celle des prédécesseurs, à commencer par les géniteurs (qui ont eu la foi, plutôt que l'inconscience, se plait-on à penser... de mettre au monde un bipède de plus, et donc un électron libre, une particule suspendue par une foi porteuse, disponible à son tour...)

On peut avoir foi en une multitude de choses, tous autant que nous sommes, mais le mot "foi" ne s'emploie jamais qu'au singulier ...
La FOI est le dénominateur commun de la synergie : croire en ["en" l'inverse de "ne"] l'Autre c'est déjà se dépasser. Se vaincre peut être. Surmonter une peur irréfléchie...

Développer des facultés de sauvegarde. ("Sauver sa peau", "sauver le monde", peu importe le résultat : la dé-mission de soi vers l'extérieur implique une amputation intérieure dispensable...) Tonitruer ! Au besoin ...


Par exemple, c'est vraisemblablement parce que les musiciens d'un groupe comme Téléphone savaient si bien se soutenir sur scène, s'encourager en se murmurant des trucs à l'oreille (en plein chorus), qu'il comptait parmi les meilleurs.

"On sait où l'on va".
La Foi permet d'atteindre ce point de non retour roboratif, dans l'accomplissement indéfectible d'une connivence, d'une conviction partagée. Formulée comme une déclaration d'amour : « oui ».
Un ordre, une prière, un constat, confondus. "I'm a walkin' prayer and I feel rather lonely" (FG)
Un déverrouillage, un feu vert. ...
Promesse d'un orgasme ultime. Bilan lucide d'une extase en perpétuel devenir. Illumination en veilleuse furtive. Intime conviction. Résolution bonne. "Coïtus non interrompus" pudique... Plus qu'un fantasme familier : une téléportation factuelle, un transport exacerbé mais patient, qui ne serait effectué qu'à bon escient (sans bug) ... Vraiment ravigotant, avec constance, l'éveil ne reniant l'évidence qu'à toute fin utile (déjà dans les starting-blocks, le coup de feu semble une délivrance). "Dans le mille", idéalement. Une lame de fond immense qui érode avec minutie le minuscule grain de sable (ex-galet, ex-stardust...)

Le mariage du superflu et de l'efficace ! L'osmose entre le puéril et le sacré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est d'ailleurs pourquoi une société matérialiste, mécaniste (même cyber-balisée) a peu de chance de perdurer sans accrocs. C'est bien connu, plus on chasse le naturel, et plus il revient au galop : l'homme a besoin de croire en son avenir ! (... Et pas nécessairement en celui de son reflet statistique, de son état civil : en quoi il n'y a rien de plus à espérer. Faute d'espérance survient la désespérance, c'est machinal ...)
Tous ces conditionnements basés (plutôt que fondés) sur la compétition sont puérils. Le fait de passer un concours qui fera de vous un membre "d'une élite" dominante est le propre d'un aveuglement collectif.
Incompréhension patente : L'individualisme y trouve son compte, mais jamais on n'en fera une motivation pour autant ; l'EMULATION se gagne quand on se perd ...

La synergie originelle (1+1= plus que 2) est passablement mise en berne dans ce type de sélection guère naturelle... Mais surtout fractionner les forces de production, ou les capacités de service, c'est toujours malheureusement imposer des limites aux compétences ... C'est se priver de l'impensable, [...] c'est manquer la magie opérante d'une transcendance fortuite (individuelle, ou collective, la seconde demeurant la résultante de la première, qui semble plus vénielle mais s'affirme plus héroïque).

Nul n'est jamais si bon que par les autres ! (Ce qui d'ailleurs ne signifie pas obligatoirement "pour" les autres, ni "avec" soi. L'égoïsme, le corporatisme, peuvent avoir pignon sur rue... ils n'entrent pas dans la danse. Narcisse aurait toujours le dernier mot, devenu sourd, immergé fatalement avant le moindre écho flatteur... )
N.B. La pente fatale de Narcisse... passe le plus souvent de sa bouche à ses oreilles ... ;-)
Il se noie volontiers dans le suave flux ininterrompable de ses paroles, preuve primale de son existence, naïve prise de possession du monde (... "la voie intérieure" irait du larynx aux tympans). Et il sait de quoi il parle, même fou ! (et quitte à être le seul à le savoi
r...)
"I believe in me" comme disait J.Lennon, narcisse notoire, malgré lui (c-à-d à cause des autres : la beatlemania n'existait pas avant les Beatles... Manque de référant(s) évident ! Mais besoin de croire, encore et toujours ...)

Tandis que la foi est désintéressée, y compris de son sort. Elle serait prête à se sacrifier pour les plus forts qu'elle, comme à s'intervertir avec les plus faibles. Elle est vacillante, c'est ce qui fait tout son charme. Vivifiant courant d'air et fragrance délétère, dans un même souffle... Toute de braise, elle réchappe de n'importe quel sinistre, (quand elle ne le provoque pas, à elle seule ! ... cf. "acte manqué")
On pourrait se demander, ma foi, si elle fascinerait autant sous forme d'ersatz : Incompressible et diffuse. Raz-de-marée bulldozer... ou luciole fugace.

L'instinct l'emporte sur un feed-back attendu. Dans le mental : la pulsion prend la main prioritairement, puisque le désir l'emporte sur la rumination.
Une confirmation n'empêche pas le goût du vœu (bien au contraire, vraisemblablement).

Cela les musiciens le savent bien. Depuis qu'ils ont renoncé à ne jouer que de la musique écrite : l'improvisation implique un saut dans le vide, fébrile et confiant, avec la certitude de retomber sur ses pattes. Sincérité oblige. Enthousiasme aidant. Grâce au savoir-faire (cf. certitude de l'expérience) et à l'abandon (cf. conviction du novice).
("To trust" : avoir confiance, de cette foi aveugle, comme une béquille, plus ou moins utilisée, mais solide, à l'occasion. Pour l'amour de l'Art, le talent ne se dispense pas de démotivation, de gratuité ...)
L'occupation d'un artiste n'est concernée que par ça bien sûr : la pratique artistique demeure pulsations intempestives, réflexes "parasympathiques", résurgences (mécaniques ou inspirées) d'une hallucinante foi en l'harmonie de l'intéressé.

De même que, grâce aux convictions, l'entertainment "must go on" (le spectacle continue), la démarche du spectateur, de l'auditeur mélomane, (ou du lecteur attentif insoupçonné) n'est faite que de croyance, que d'espérance .
(Avec l'assurance d'une séquence d'opinion, d'appréciation interactive, comportant un début et une fin, qui peut sûrement être rassurante pour celui qui ne tient pas davantage à se mettre en péril personnellement, et qui de ce fait préfère offrir sa crédulité à l'exécutant loyal ...)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Inertia   

 

Cocteau disait "c'est à 40 ans que l'on se rencontre soi-même" (ou quelque chose d'approchant). On n'a parfois rien à se croire ... rien à portée du cœur... ... Pourtant l'on sent bien le potentiellement existant. Tout un roman ! Inachevé...
Quant à Jean Yanne, s'il voulait faire un compliment à une femme, il lui aurait dit "je suis bien avec toi, presqu'autant que quand je suis tout seul...". Et bien ça pourrait être ça, la foi : l'aménagement personnalisé d'une solitude vacante... Tout le carburant (si rationné parfois) d'une existence !

Sans elle, le coefficient de réalité tend si chroniquement vers le bas, que la moindre appréciation ripe, et arrive presque dévalidée. Que l'esprit critique englobe tout, y compris le non spirituel. "Qualité" devient synonyme de "défaut" (alors qu'une qualité est bivalente au minimum : elle caractérise). Seul ce qui ne se singularise pas du tout, pourrait trouver grâce chez quiconque qui oserait opposer conviction et sincérité en son for intérieur).

Tous les efforts extérieurs (et Diable sait s'il y en a ! ... lui qui se paie sur les carcasses, lui qui émarge sur ce qui se fracasse, lui qui recycle ceux qui boivent la tasse... ) toutes les tentations viables se heurtent radicalement au nexus* plénipotent dans l'esprit du Niant (situé entre le "mécréant" autoproclamé, et l'incrédule avisé).
Par "la force des choses" (forze d'inertia induite : élan conformé ; voire retournée : sclérose compulsive, agitation panique), par cette puissance de l'opinion (même "en creux"... "par défaut" comme on dit, ou comme le prétend la rumeur !) veulement intégrée à son mode de défrichage individuel .../...

... Où il n'y a pas de plaisir, il y'a de la gêne. Dans cette configuration sans réponse avouée ou avouable, l'estime est condamnée à être galvaudée, stérile. L'estime de soi, comme l'estime de son environnement ... (avoir de la foi "sous le coude" c'est enfin devenir : un Acceptant, par exemple).
On s'entend alors dire "je te souhaite² de réussir" et cela sonne faux, dans la bouche comme dans l'oreille ... (Même si le choix du verbe "réussir" semble plutôt bien vu, épanouissant même, c'est la charge de crédibilité dans le "je te souhaite" qui peut faire défaut...)
Un credo sera toujours fiévreux, sinon il restera accessoire de mascarade !

Ainsi, avoir la foi, ce serait donc SOUHAITER ! (... Et, sans patiner ! Ni "sans les mains" ... pour les plus balaises.)
Mais sinon, par gros temps, trop de promiscuité avec des valeurs ostensiblement dévalidées, multi-colportées (les médias ne font que ça : entériner des lieux communs, ou en fabriquer des tout chauds), risque de dévalider l'individu, au final.
La foi est faite de vigilence (ex: ça n'est pas tout d'avoir le ticket gagnant : encore faut-il s'en apercevoir ...).

 
   

 *un nexus est une impasse psychique, (par analogie : un cul-de-sac social, végétal ou minéral)... C'est véritablement un carrefour où chaque chemin se vaut, où chaque direction semble équivalente en subjectivation (de 0 à l'infini, mais rarement entre les deux ... configuration chaotique/ pseudo-statique d'un polymorphisme "indécis"), où chaque voie apparait par conséquent aussi peu encline à susciter le déplacement.
Un nexus est le constat d'un immobilisme, procrastination ne pouvant se briser que par l'intégration de l'aléatoire, l'acceptation du contingent, ou l'euphorie du nébuleux.
Off : l'odeur, le goût de l'impensable, mais sans la saveur, ni le parfum !

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 Qu'il soit "mort" ou "vivant", qu'il existe ou pas, force est de constater, que, comme avec la fille de l'été, il y a eu, de fait, un serment très Rock 'n' Roll, de ne jamais L'oublier !
 

 N.B. Cette page représente, de fait, une nouvelle "cause perdue" (on dit que ce sont les plus belles...) Elle constitue une indicible gageure (ramassée et humble dans son ambition, mais effrontément prétentieuse au bout du compte, pour la forme) : là une fois encore, l'occasion d'un surf passablement inconscient, au détour d'un oxymore redoutable : illustrer l'informulé ... commenter l'impensable ! ... Terminer l'indéterminable ... Lire l'indéfinissable.
Car la Foi supporte mal la lumière, résiste peu aux commentaires, et surtout se dissout dans le formel, implose dès que les preuves surgissent : la Foi se comble d'elle même, et "satisfera" pareillement le pire des frustrés et le recordman des jouisseurs, comme elle nargue tous les manqueurs (du brin d'herbe en mal de chlorophylle, aux novas cherchant leur équilibre gravitationnel)... Croire s'accommode mal du savoir.
(Douter devient alors hors-sujet ...)

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